Quand le bon contrat n’est pas… le bon contrat

Retour d’expérience sur l’accompagnement d’un client dans l’ajustement d’une couverture pour activité sensible

Dans le domaine de l’ingénierie et de la construction, la responsabilité civile professionnelle ne se résume pas à « avoir une assurance ».
Elle doit coller finement à la réalité des missions exercées, surtout lorsque celles-ci touchent à la sécurité des personnes sur un chantier.

Cet article retrace l’accompagnement d’un client – une petite structure d’ingénierie du bâtiment – pour qui un contrat complémentaire, pourtant pensé comme une protection supplémentaire, s’est révélé inadapté à une deuxième activité sensible : la coordination en matière de sécurité et de protection de la santé sur les chantiers (CSPS).
L’enjeu : sécuriser à la fois la protection du client et la conformité de la couverture, dans un contexte d’évolution de produit imposée par l’assureur.


1. Un montage initial cohérent… mais sans véritable analyse de risque

Au départ, notre mission est classique :
protéger une société d’ingénierie qui exerce :

Concrètement, le client nous sollicite sur la base d’un devis transmis par un intermédiaire.
Le contrat complémentaire qui sera ensuite contesté par l’assureur n’est pas le résultat :

mais bien de la souscription d’une offre packagée présentée comme adaptée.

Pour répondre aux besoins tels qu’ils nous ont été présentés, nous mettons en place un montage en trois volets :

Le client accepte l’ensemble, signe l’offre, et dispose – en apparence – d’une architecture de garanties cohérente et lisible.
Mais l’absence d’une véritable analyse de risque initiale, documentée et discutée, va apparaître plus tard, lorsque l’assureur requalifiera le produit.


2. Construire dès le départ un dossier autonome, intelligent et collaboratif

Dès le début de la relation, nous faisons un choix clé :
constituer un dossier Assurances autonome, intelligent, collaboratif et participatif, qui ne se limite pas à un simple devis signé.

Concrètement, cela signifie :

Ce travail, souvent invisible au quotidien, a une conséquence déterminante pour la suite :

quand l’assureur revient plus tard en expliquant que le produit n’est pas adapté à la deuxième activité sensible,
nous disposons d’un dossier complet, structuré et partageable,
qui permet de reprendre le fil des décisions, de comprendre où le produit a dérapé…
et de sécuriser la suite.

Autrement dit, même si le produit choisi initialement s’avère inadapté, le dossier lui, est solide, et c’est cela qui va nous permettre de gérer la correction dans de bonnes conditions.


3. Quand l’assureur requalifie le risque : un produit finalement inadapté

C’est dans un second temps que la situation se tend.

L’intermédiaire grossiste, en lien avec l’assureur du contrat complémentaire, revient vers nous avec un message clair :

le produit choisi initialement pour la partie « conseil / prévention »
n’est en réalité pas considéré comme adapté au domaine de la construction,
et donc pas pleinement cohérent avec l’activité sensible exercée sur les chantiers.

En d’autres termes, le contrat complémentaire souscrit :

L’assureur propose alors une évolution de produit :

Ce qui était au départ un « plus » rassurant devient, pour le client, une source de questionnement :


4. Notre rôle : sécuriser, questionner, documenter

Face à cette évolution imposée, nous ne nous contentons pas de transmettre l’information.
Notre rôle consiste à mettre tout le monde autour de la table, même à distance, et à clarifier :

Parce que nous avons dès le départ un dossier complet, structuré et partagé, nous pouvons :

Nous formalisons ces éléments par écrit, interrogeons l’intermédiaire sur le délai dont le client dispose pour se prononcer, et documentons les échanges.
Ce travail de traçabilité permet :


5. Accompagner le client dans un moment inconfortable

Du point de vue du client, la situation peut être vécue comme une mauvaise surprise :

Notre rôle, ici, est multiple :

5.1. Expliquer sans dramatiser

Nous prenons le temps de :

5.2. Gérer les contraintes budgétaires et le timing

Le client interroge la possibilité de :

Nous :

5.3. Valoriser la validation de l’activité

Lorsque la nouvelle proposition arrive, avec un libellé d’activité ajusté et un accord de l’assureur pour considérer l’ancien contrat comme « sans effet » si le nouveau est signé, nous insistons sur un point clé :

le fait que l’activité réelle du client
est désormais pleinement décrite, documentée dans le dossier et acceptée par l’assureur,
ce qui constitue une véritable sécurisation juridique et technique.


6. Ce que cette situation révèle de notre accompagnement "client"

Au-delà du cas particulier, cette expérience illustre plusieurs dimensions essentielles de notre métier :

Conclusion : gérer l’évolution plutôt que subir le contrat

Dans cette affaire, le point de départ était un contrat complémentaire pensé comme une sécurité supplémentaire, mais souscrit à partir d’un devis, sans analyse de risque approfondie.
La relecture de l’assureur a mis en lumière que le produit choisi ne collait pas vraiment à une deuxième activité sensible, au cœur des chantiers.

L’enjeu n’était pas seulement d’accepter une nouvelle prime, mais de gérer une évolution de produit :

C’est précisément sur ce type de situation, à la frontière entre technique, juridique et économique, que notre rôle prend toute sa valeur :
non pas vendre un contrat, mais orchestrer une protection adaptée, évolutive, appuyée sur un dossier Assurances fiabilisé dès le départ, et assumée par l’assureur comme par l’assuré.